C’est un projet démonstratif ayant pour but d’acquérir un savoir-faire en vue de le reproduire sur d’autres centrales électriques du pays.
Laâyoune sera la première ville qui verra sa centrale électrique thermique convertie en une centrale électrique 100% hydrogène vert. Tel est l’objectif de la signature du mémorandum d’entente portant sur une étude de faisabilité qui sera menée conjointement par l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), la société marocaine spécialisée dans le développement et l’exploitation de projets indépendants de production d’électricité, Nareva Holding, et la branche Gas Power de GE Vernova.
Le Maroc, connu pour son engagement en faveur des énergies renouvelables, mise fortement depuis ces 15 dernières années sur les énergies propres qui fournissent 38% de l’électricité produite actuellement, et ambitionne d’atteindre 52% en 2030. L’hydrogène vert, produite à partir d’énergies renouvelables telles que le solaire et l’éolien, offre une solution prometteuse pour stocker l’électricité excédentaire et la convertir en une forme d’énergie propre et polyvalente. Pour opérer la décarbonation de la centrale électrique à fuel de Laâyoune, l’ONEE, Nareva et GE Vernova entreprendront des études d’évaluation technico-économiques pour convertir la centrale thermique de Laâyoune de 99 mégawatts (MW), actuellement alimentée au fioul lourd, pour un fonctionnement à l’hydrogène vert. Dans un premier temps, la collaboration portera sur la turbine à gaz qui sera convertie pour un fonctionnement à 100% hydrogène.
L’étude, qui devrait être achevée dans un délai de deux années, vise à explorer une solution holistique intégrant toute la chaîne de valeur de production pour fournir 100% d’hydrogène vert en volume et alimenter la turbine à gaz pendant les périodes de pic de consommation. Les résultats de l’évaluation pourraient ouvrir la voie à l’intégration à grande échelle des turbines à gaz avec de l’hydrogène vert dans le but de parvenir à une décarbonation à 100% de la centrale électrique de Laâyoune.
«Le projet doit permettre au Maroc de progresser sur la décarbonation de son système électrique en lançant un premier projet pilote et innovant pour décarboner une centrale fonctionnant au fioul lourd. Cet accord constitue une étape importante en ouvrant la voie à l’accélération de l’intégration de l’hydrogène dans le mix énergétique national, permettant ainsi de réduire aussi bien la dépendance aux énergies conventionnelles que les émissions de gaz à effet de serre», a déclaré Abderrahim Hafidi, Directeur général de l’ONEE. Représentant une étape majeure dans la stratégie de Nareva pour la production d’électricité sans carbone en utilisant l’hydrogène comme alternative viable aux fiouls lourds, Aymane Taud, PDG de Nareva Holding, se dit ravi «d’explorer les opportunités complémentaires entre les énergies renouvelables, la production d’hydrogène et les technologies efficaces de combustion au gaz pour permettre à notre pays de disposer de centrales électriques efficientes, flexibles et faiblement émettrices de CO2».
Avec une flotte installée de près de 30 turbines à gaz GE Vernova 6B, fonctionnant à l’hydrogène au cours des deux dernières décennies convenant parfaitement au projet, GE Vernova, représentée par son président et chef de la direction de l’activité Gas Power pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique, Joseph Anis, apprécie cette collaboration avec l’ONEE et Nareva. Le but étant de développer ce projet unique en son genre et soutenir les engagements du Maroc en matière de changement climatique. Cependant, ce projet reste tout de même expérimental, comme le précise le Dr Saïd Guerma, expert dans le secteur de la transition énergétique.
«C’est un excellent projet en matière de transition énergétique. Il faut noter que la décarbonation d’une seule centrale électrique n’aura pas un fort impact énergétique. Il s’agit d’un projet démonstratif ayant pour but d’acquérir un savoir-faire et comprendre le mécanisme de conversion de la production d’électricité thermique en hydrogène vert, d’une part. Ensuite, il s’agit d’évaluer le coût d’investissement d’un tel projet en vue de le reproduire sur d’autres centrales électriques, si les résultats de cette étude de faisabilité s’avèrent porteurs de réelles solutions», a-t-il déclaré. Par ailleurs, ce projet aura un impact sur l’assainissement de l’environnement des populations vivant aux abords de la centrale de Laâyoune. «Etant alimentée au fioul lourd, certains déréglages au niveau de la centrale électrique provoquent une saturation de poussières dans l’air. Mais avec l’utilisation de l’hydrogène vert, l’objectif est d’éliminer cette partie polluante dans la production de l’électricité et, par conséquent, favoriser un environnement sain pour les populations», explique-t-il.